Archives de janvier, 2012

Code 3XM: L’EXquise Nouvelle Saison 2: J’y serai!!!

Ca y est, je suis devant leur porte. J’inspire profondément. Je regarde l’inscription dorée sur la vitre opaque :

« EXquisMen , agence de Détectives, Privés de rien. »

Mouais… Ca promet !

A travers cette porte en verre teinté, je discerne trois sources lumineuses, projetant trois ombres chinoises. Trois silhouettes noires qui se meuvent très lentement. Pas un bruit de l’autre côté. Soit la pièce est bien isolée, soit ce sont trois gros Dormeurs auxquels j’aurais à faire face ou soit…

Atchoum !

Ah ! L’un d’eux est enrhumé ! Et non, leur bureau n’est pas si hermétique que ça.

-A tes souhaits ! (2 voix distinctes)

-Merci ! Alors je souhaite… que vous m’apportiez un café !

-Heu… C’est juste une formule de politesse en fait, tu sais ?

-Ah…

De nouveau le silence. J’ai l’impression d’être dans une mauvaise pièce de théâtre où le spectateur attend la suite. Et la suite, telle qu’elle est écrite dans le scénario, ça devrait être mon entrée fracassante, arme au poing. J’ai le cœur qui bat. Moi qui suis assez Timide, j’ai peur de me retrouver Simplet au moment crucial.

Allez, j’y vais… Oups ! Le con, j’allais oublier…

Je prends ma cagoule dans la poche gauche de mon blouson. Une cagoule en grosse laine noire. En la dépliant, je remarque que mes doigts tremblent dangereusement.

J’y vois à peine. Faut dire que je la mettais quand j’étais gosse cette cagoule. Alors elle serre un peu.

Attention… Je regarde à droite, à gauche. Personne. Je sors mon arme de ma poche droite. Une arme « infaillible ». Il s’agit en fait d’une banane à moitié blette. Mes doigts gourds s’y enfoncent.

Attention… J’essaie de prendre une grosse bouffée d’oxygène. J’ai du mal à respirer. Foutue cagoule !

Je saisis la poignée de la porte et…

J’ouvre et entre.

« Haut les mains ! » J’ai toujours rêvé de dire ça…

Trois visages se sont tournés subitement vers moi. Je reste sur le seuil, pointant ma banane tantôt sur l’un, tantôt sur l’autre. Les trois gars sont assis à leur bureau respectif. Pendant des secondes qui semblent durer des heures, ils me regardent, impassibles, dans ma globalité, puis dans les détails. Ils remarquent mon arme ridicule, ma cagoule pour enfant, étirée à l’extrême sur mon crâne de vieil adulte.

Et puis, celui de droite lève haut les bras. Lentement, les deux autres tournent la tête vers lui, le regardent comme s’il venait d’une autre planète. Il s’en rend compte et se ravise, remet ses mains sur son clavier d’ordinateur.

« Haut les mains, j’ai dit ! »

Ainsi, voici donc les fameux EXquisMen.

Celui de gauche, qui est barbu, prend la parole.

-Que veux-tu ?

-Ah, on se tutoie, très bien ! Tu dois être l’ex-Prof, c’est ça ?

-Et ben ?

-Ben rien, j’m’en fous ! Je veux participer à l’Exquise Nouvelle saison 2.

-C’est trop tard. Les candidatures sont closes depuis longtemps. Et on a commencé à mettre les nouvelles en lignes sur le site…

-Je sais ça ! Je hurle en brandissant ma banane pour me montrer le plus persuasif possible. Mais vous allez faire une exception, car j’ai une excellente raison de ne pas avoir pu postuler en temps et en heure.

-Ah bon ? Laquelle ?

-Alors, voilà : Quand vous avez ouvert le concours, je me trouvais en Cochinchine Septentrionale. Pour mon boulot. En effet, je suis exportateur sous le manteau de produits avariés, et là-bas, c’est l’Eldorado pour ce type de commerce… Enfin bref. Quand j’ai eu vent de votre concours, j’ai tout fait pour rentrer illico au pays. Ben oui, là-bas, y a pas Internet, vous pensez bien. Mais le train à vapeur qui me trimbalait a déraillé. Il y a eu des centaines de morts ! Vous avez certainement dû lire l’article dans le Phare Dunkerquois… Avec les quelques survivants, j’ai dû continuer le voyage à pieds. Manque de pot, on est tombé dans une embuscade tendue par une tribu de cannibales misogynes. Ils ont bouffé les femmes (Paradoxal, non ?) et sodomisé les hommes. Je n’ai pu garder mon pucelage et retrouver ma liberté que grâce à ma présence d’esprit d’occidental. Je me suis fait passer pour le Roi des Cons en visite du pays incognito. Alors le temps qu’ils vérifient, qu’ils téléphonent à mon employeur, à mes amis, à ma femme, le verdict tant attendu est enfin arrivé. C’était au petit matin, j’étais en train de préparer le petit déjeuner pour mes geôliers (foies de blonde à la langue bien pendue : ils en raffolent !). L’un des pygmées (oui, car en plus, il sont tout petits !) est entré dans la case et m’a dit dans son étrange dialecte :

« Eh, tizote, tépoto z’ont toudis ! Té bèlébien eul’ RoidéCons ! Mèm’ eut’ femmelaspicedicounass ladi’ossi !»

Il m’a tenu la porte de la case ouverte et montré la sortie du doigt, en me disant d’un ton Grincheux car cela compromettait son plan Q :

« Vateu’ferenkhulé hayeurs é byen profon ! »

Et après moult autres péripéties dont je vous passe les détails, je suis enfin de retour au pays tel Ulysse à Ithaque, bien décidé à faire valoir mes droits, et réparer cette injustice ! « 

Un temps. Un long silence, juste rompu par un vent foireux émis par l’un des trois ExquisMen. Celui du milieu, assez corpulent, lève la main et dit « Pardon ». Une odeur, pas si Exquise que ça, remplit le bureau.

L’Exquis ex-Prof reprend la parole, visiblement incommodé :

-Bon écoute, avec mes amis et collègues, on va se concerter. On va réfléchir à la question. Je précise que c’est uniquement parce que ton histoire est vraiment émouvante mais certainement pas parce que tu nous menaces d’une banane pourrie. Vois-tu, François Lefebvre ?

-Hein ? C’est pas moi !

-Ton nom est étiqueté sur ta cagoule.

-Merde !

J’ai rengainé mon « flingue ». Puis m’en suis retourné chez moi. Je vais commencer à écrire MA nouvelle des 7PN. Juste pour la beauté du geste, de l’amour littéraire, sans savoir ce que ça va donner ni même ce que les trois EXquisMen vont en penser. Je n’ai pas peur de la page Blanche. Bizarrement, au moment où je la commence, je me sens… comment dire… tout Joyeux !

Nb: www.exquismen.com